À la fin 2022, le voyage d’affaires en France aura recouvert à 67% son niveau d’activité de 2019. Dans le scénario le plus optimiste, le retour aux volumes d’affaires d’avant covid sera atteint à fin 2024, poussé d’une part par la reprise des déplacements et d’autre part par l’inflation (augmentation du panier moyen). Après un début d’année impacté par Omicron, 2022 est marqué par le retour d’un marché dynamique, avec une reprise au-delà des prévisions, de nombreuses acquisitions et entrées en bourse.
Les enjeux environnementaux
En 2023, plusieurs facteurs de risque pourraient néanmoins venir freiner cette reprise et en premier lieu L’urgence climatique qui pousse le secteur à se réinventer. Le secteur du tourisme en général et celui du trafic aérien en particulier est en première ligne sur cette question. La loi Climat et résilience prévoit d’ailleurs une suppression des vols intérieurs en cas d’alternative en train de moins de 2 h 30. Face à la prise de conscience générale sur l’impact du recours à l’avion, le secteur aérien doit indéniablement repenser son modèle.
On constate d’ailleurs un basculement progressif de l’avion vers le train sur certains trajets. À titre d’exemple, sur le trajet Paris/Marseille dont la durée standard est de 3h10, le recours au train est passé de 38% en 2016 à 52% en 2022. Pour sa part, dans un contexte de restructuration (fusion Thalys/Eurostar, mise en concurrence de la SNCF…), le ferroviaire doit également se transformer et mettre en œuvre des solutions pour s’adapter à la situation climatique. Par exemple, le TGV M dont la mise en circulation est prévue pour fin 2024 consommera 32% de CO2 en moins que les trains actuels.
L’inflation une épée de Damoclès pour le marché
Hôtellerie (entre 7 et 10%), transport aérien (entre 5,5 et 7%) ou ferroviaire (entre 4 et 6%), les projections 2022 indiquent que l’inflation va fortement impacter l’ensemble des acteurs. Une hausse des coûts qui se poursuit après une année 2021 qui avait déjà enregistré une inflation à deux chiffres. Pour l’heure, cette hausse des prix généralisée n’a pas impacté le secteur qui a été très dynamique en 2022. Néanmoins, cette forte reprise pourrait être en partie liée à un effet de rattrapage suite aux deux années noires du Covid. Si en 2022 les employeurs ont donné la priorité à la (re)création du lien entre leurs collaborateurs et avec leurs clients, les arbitrages ne seront peut-être pas les mêmes en 2023 si les prix continuent d’augmenter fortement.
« Après plus de deux ans d’activité fortement réduite, la reprise du voyage d’affaires en 2022 a été indéniable et supérieure à toutes les attentes. Néanmoins, l’inflation et l’impact environnemental des voyages d’affaires représentent des enjeux considérables. Comment concilier les enjeux économiques, climatiques et de bien-être des voyageurs ? Peut-on, en entreprise, s’affranchir de voyager ? Comment décarboner les déplacements ? Comment maîtriser les coûts quand l’inflation est à deux chiffres ?… Les mois à venir s’annoncent passionnants pour l’industrie du voyage dans sa globalité », commente Christophe Roth, Directeur de mission Business Travel chez Epsa.