Le cap est donné. La Réserve Fédérale américaine s’apprête à entrer dans un cycle de resserrement monétaire dont le calendrier est plutôt explicite : la dernière étape de réduction d’achats d’actifs, qui clôturera une longue période d’assouplissement quantitatif aux Etats-Unis, est attendue pour le mois prochain. Janet Yellen a indiqué que le premier mouvement des taux directeurs interviendrait six mois après la fin du Quantitative Easing, ce qui permet de situer le point de départ du fameux relèvement à la fin du premier trimestre 2015. Et avec une remontée graduelle envisagée toutes les six semaines, les taux directeurs devraient atteindre 3% en milieu d’année 2016.
La cherté des titres obligataires fait craindre l’explosion d’une bulle
Voici pour les perspectives auxquelles il faut raisonnablement s’attendre. Pourtant, malgré ce « timing », les investisseurs ont encore bien des difficultés à apprécier l’imminence et l’envergure du resserrement à venir. Cela se traduit par des anomalies de marché importantes sur les emprunts d’Etat. C’est le cas du Treasury Bond américain, dont les échéances ‒ tant à court terme qu’à long terme ‒ sont trop peu rémunérées : le deux ans américain avoisine par exemple un niveau de 0,55%, quand il devrait plutôt s’établir autour de 1,15% au regard des fondamentaux macroéconomiques du pays, orientés positivement. La cherté des titres obligataires fait craindre l’explosion d’une bulle ou, plus précisément, de bulles.
Ce scénario est celui contre lequel le FMI, ou encore James Bullard, le président de la Fed de Saint-Louis, ont mis en garde récemment les marchés financiers. A juste titre. Car nous sommes dans une situation où l’ensemble des actifs financiers tiennent une bonne part de leur valorisation grâce au seul fait que le coût de l’argent a étéextraordinairement faible ces dernières années. Les liquidités déversées par la banque centrale américaine ont encouragé la recherche de rendement, à l’origine d’une corrélation inédite entre la plupart des classes d’actifs.
Ce scénario est celui contre lequel le FMI, ou encore James Bullard, le président de la Fed de Saint-Louis, ont mis en garde récemment les marchés financiers. A juste titre. Car nous sommes dans une situation où l’ensemble des actifs financiers tiennent une bonne part de leur valorisation grâce au seul fait que le coût de l’argent a étéextraordinairement faible ces dernières années. Les liquidités déversées par la banque centrale américaine ont encouragé la recherche de rendement, à l’origine d’une corrélation inédite entre la plupart des classes d’actifs.
Les investisseurs ont privilégié les actifs à risque
C’est ainsi que les investisseurs ont privilégié les actifs « à risque », comme les actions américaines dont les niveaux de valorisation battent tous les records, la dette bancaire, les obligations convertibles ou les obligations d’entreprises high yield, pour la prime attractive qu’elles ont offerte par rapport aux taux souverains. Tous ces actifs très plébiscités sont désormais à des points hauts de leur cycle de valorisation. Du côté du secteur bancaire, le danger est de voir à nouveau les établissements intégrer dans leur bilan des actifs dont le risque est mal perçu, conséquence d’investissements rémunérateurs et de facilités de prêts bon marché, concédées à certaines entreprises à l’état de santé incertain. A l’échelle mondiale, le marché immobilier a lui aussi profité de la hausse du pouvoir d’achat insufflée par le dopage monétaire des grandes banques centrales. La hausse des prix avoisine 25% sur les deux dernières années, tandis que la flambée est particulièrement perceptible à Sydney ou à Londres. On commence à en constater les dégâts dans certaines villes chinoises où l’afflux de crédit est en train de faire vaciller les prix immobiliers.
Résultat, la hausse des taux directeurs de la Fed pourrait agir comme le détonateur d’une correction de tous ces excès, entre hausse des taux sur tous les pans de la courbe obligataire, synonyme de contreperformance, et positions vendeuses sur les actifs boursiers. L’hypothèse d’un retour brutal à un environnement monétaire « normalisé » impose quoi qu’il en soit une nouvelle approche de la gestion des risques. Dans un monde où les actifs évoluent de concert, il devient urgent pour les investisseurs de repenser la sacro-sainte diversification de leurs portefeuilles. Un effort souhaitable à la veille d’une potentielle séquence de turbulences.
À propos de l’auteur : Xavier Leroy est président de Quilvest Gestion, la société de gestion de Quilvest Wealth Management, dédiée aux investisseurs institutionnels.
Résultat, la hausse des taux directeurs de la Fed pourrait agir comme le détonateur d’une correction de tous ces excès, entre hausse des taux sur tous les pans de la courbe obligataire, synonyme de contreperformance, et positions vendeuses sur les actifs boursiers. L’hypothèse d’un retour brutal à un environnement monétaire « normalisé » impose quoi qu’il en soit une nouvelle approche de la gestion des risques. Dans un monde où les actifs évoluent de concert, il devient urgent pour les investisseurs de repenser la sacro-sainte diversification de leurs portefeuilles. Un effort souhaitable à la veille d’une potentielle séquence de turbulences.
À propos de l’auteur : Xavier Leroy est président de Quilvest Gestion, la société de gestion de Quilvest Wealth Management, dédiée aux investisseurs institutionnels.