La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie deux nouvelles études sur les espérances de vie passées après 60 ans. La première étude présente
l’espérance de vie sans incapacité, et actualise cet indicateur avec les données 2020 pour les hommes et les femmes âgés de 65 ans ou plus. La seconde étude analyse l’espérance de vie passée dans l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) en portant un éclairage sur la durée moyenne pendant laquelle une personne de 60 ans est susceptible de bénéficier de l’APA. L’écart entre l’espérance de vie totale et l’espérance de vie dans l’APA correspond à « l’espérance de vie sans dépendance » des seniors, la dépendance étant ici mesurée par le fait de percevoir l’APA.
L’espérance de vie sans incapacité
En France l’espérance de vie à 65 ans s’allonge régulièrement. Ces années supplémentaires de vie ne sont cependant pas toutes nécessairement vécues « en bonne santé ». La DREES est en charge de publier, chaque année, un autre indicateur, l’espérance de vie sans incapacité, qui correspond au nombre d’années qu’une personne peut espérer vivre sans être limitée dans les activités de la vie quotidienne.
Presque dix-huit mois séparent l’espérance de vie sans incapacité des hommes et des femmes à 65 ans
En 2020, à 65 ans, les hommes peuvent espérer vivre 10,6 ans sans incapacité et les femmes 12,1 ans. L’espérance de vie sans incapacité à 65 ans progresse continûment depuis 2008, avec un gain de 2 ans et 1 mois pour les femmes et 1 an et 11 mois pour les hommes. Au cours de cette période (2008-2020), l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans a crû plus vite que l’espérance de vie globale à 65 ans. Aussi, parmi les années restant à vivre à 65 ans, la part de celles qui seront vécues sans incapacité croît depuis 2008 : elle est passée de 45 % en 2008 à 53 % en 2020 pour les femmes, et de 48 % en 2008 à 56 % en 2020 pour les hommes. À noter qu’en 2020, les femmes peuvent espérer vivre à la naissance 65,9 ans sans incapacité et les hommes 64,4 ans. Les espérances de vie sans incapacité à la naissance augmentent également depuis 2008, de 1 an et 8 mois pour les hommes et 1 an et 5 mois pour les femmes.
Une espérance de vie sans incapacité à 65 ans qui se situe au-dessus de la moyenne européenne
En 2019, la France était le neuvième pays de l’Union européenne à 27 (UE-27) pour l’espérance de vie sans incapacité des hommes à 65 ans, légèrement au-dessus (+ 2 mois) de la moyenne européenne. Elle était le septième pays de l’UE-27 pour l’espérance de vie sans incapacité des femmes, au-dessus également (+1 an et 2 mois) de la moyenne européenne. La France est par contre légèrement en dessous de la moyenne européenne pour les espérances de vie à la naissance des hommes (- 9 mois) et des femmes (-6 mois), à la neuvième position de l’UE-27 pour ces deux indicateurs.
L’espérance de vie dans l’allocation personnalisée d’autonomie correspond au nombre moyen d’années qu’une personne de 60 ans peut espérer vivre en tant que bénéficiaire de cette prestation, compte tenu des conditions observées une année donnée, d’une part pour la mortalité, d’autre part pour la probabilité d’être bénéficiaire de l’APA à chaque âge. Elle est mécaniquement plus courte que la durée moyenne de perception de cette prestation, car elle tient aussi compte des seniors qui décèdent sans en avoir bénéficié. L’espérance de vie dans l’APA a pour principal intérêt de s’affranchir des effets de structure démographique, notamment de l’avancée du « papy boom ». Pour cette raison, dans l’optique d’un suivi structurel de la dépendance en France, cet indicateur est davantage pertinent que d’autres, comme le nombre de bénéficiaires ou leur part parmi la population âgée.
L’espérance de vie passée dans l’APA est en baisse régulière depuis 2010
Fin 2019, une personne de 60 ans a une espérance de vie de 25,6 années parmi lesquelles, en moyenne, 2,4 années sont passées en tant que bénéficiaire de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). L’espérance de vie passée dans l’APA est plus longue dans un état de dépendance modérée (1,5 année en GIR 3 ou 4) que sévère (0,9 année en GIR 1 ou 2). Elle est aussi plus élevée en tant que bénéficiaire de l’APA à domicile (1,4 année contre 1,0 année en établissement). Bien que l’espérance de vie totale à 60 ans augmente, l’espérance de vie dans l’APA diminue régulièrement depuis 2010 (-2,7 %), ce qui traduit un recours à cette prestation en baisse à âge donné. La part de la durée de vie après 60 ans passée en tant que bénéficiaire de l’APA passe ainsi de 10,1 % fin 2010 à 9,5 % fin 2019. La baisse est plus marquée en GIR 1 et 2 (-5,0 %) et à domicile (-4,5 %). Seule l’espérance de vie en GIR 3 et 4 en établissement augmente, au même rythme que l’espérance de vie totale.