En raison de la crise économique, la dette publique devrait approcher 80 % du PIB en 2010, contre 64 % en 2007. La dette de l’Etat représente les trois quarts de ces quelques 1 300 milliards d’euros (le reste reposant sur les collectivités locales et la sécurité sociale). Pour beaucoup de contribuables d’obédience libérale la coupe est pleine. Leur inquiétude est amplifiée par un usage suspect des statistiques. C’est ainsi que le médiatique historien et économiste Jacques Marseille se plaît à écrire dans son dernier billet que si l’Etat vendait l’intégralité de son patrimoine immobilier il n’épongerait qu’une seule année de charge financière (intérêts+capital).

Ces contribuables en colère évacuent un peu rapidement leur responsabilité. Depuis vingt ans en effet, on constate une réduction continue des impôts de sorte que le niveau des prélèvements obligatoires, ramené au nombre d’habitants, est aujourd’hui plus faible que celui de…l’Irlande. Or il nous semble que ce choix en matière de politique fiscale représente désormais un danger pour la capacité de l’Etat à faire face à ses engagements. Nos libéraux zélés, qui seraient les premiers à ne pas investir dans une entreprise dont les charges financières sont de moins en moins couvertes par ses recettes, ont-ils conscience d’avoir contribué à placer l’Etat dans cette situation ?

Entre 1990 et 2007, le service de la dette publique (intérêts + capital) a augmenté de 20 milliards d’euros, soit + 50 % (il s’agit désormais du troisième poste de dépense budgétaire). Or, durant la même période, les allègements d’impôts octroyés par l’Etat se traduisent par un manque à gagner de 38 milliards d’euros (2 % du PIB) selon un rapport du Sénat. Presque une année de collecte d’impôt sur le revenu…

Lorsque la crise sera terminée, il sera temps de redonner à l’Etat des marges de manœuvres pour entretenir et développer les infrastructures collectives nécessaires à la croissance et à la cohésion sociale. Il nous semble que les partisans du « moins disant fiscal » auront bien du mal à démontrer que leurs intérêts coïncident avec ceux du plus grand nombre.

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