Entretien avec Jérôme Robin, président et fondateur de VousFinancer.com
Économie et société : Pensez-vous que les banques répercuteront la baisse du taux directeur de la BCE au premier trimestre 2012 ?
Jérôme Robin : En toute logique les banques devraient répercuter la baisse des taux auprès des particuliers. Mais cette baisse risque d’être mesurée pour certaines car avec l’intégration du nouveau dispositif Bale III qui vise à renforcer la gestion des liquidités de fonds propres d’une banque, les banques vont devoir se réinventer afin de répondre à ses nouveaux critères. De ce fait on peut donc penser que celles qui sont en phase de conquête de nouveaux clients vont nécessairement proposer des grilles et services attractifs alors que d’autres referont leurs marges.
Économie et société : Dans un tel contexte, un client a-t-il néanmoins un peu plus de marge pour négocier son taux d’emprunt avec son banquier ?
J. R. : La négociation sera par principe toujours possible mais cela va surtout dépendre avant toute chose du profil client et notamment de son niveau d’apport personnel. La clientèle primo-accédant sans apport risque donc d’être un peu « pénalisée » puisque dans le cadre des nouveaux critères de Bale III la banque aura tout intérêt à capter une clientèle qui a une certaine capacité d’épargne.
Économie et société : Beaucoup de petites entreprises estiment que les banques ne font pas leur travail en leur refusant des emprunts pour des raisons qui ne leur semblent pas justifiées. Que pensez-vous de cette situation ?
J. R. : Pour les petites entreprises cette situation est difficile à vivre dans la mesure où cela a un impact direct sur leur développement et niveau de croissance d’activité. Les banques n’aiment pas par définition financer de la trésorerie et cela risque de s’accentuer dans les mois à venir dans la mesure où les banques vont regarder en accordant ou refusant une demande l’incidence que cela aura sur son ration. On peut donc envisager que certaines se spécialisent dans tel ou tel type de financement afin de limiter la prise de risque et ainsi conservé un ratio général cohérent.
Économie et société : Quels seront les grands défis auxquels seront confrontés les banques en 2012 ?
J. R. : Le grand défi de l’année 2012 pour les banques c’est qu’avec l’entrée en vigueur de Bâle III elles vont devoir réinventer leur développement clientèle et leurs marges financières tout en respectant les nouvelles contraintes destinées à renforcer la stabilité de chacune.
Économie et société : Quels répercussions, cela aura sur les emprunteurs ?
J. R. : Les critères faisant ce sont les clients sans apport qui risquent d’être les plus touchés mais aussi ceux qui ne vont plus bénéficier du prêt à 0% notamment au niveau de l’ancien. Si les banques ne proposent pas de durées longues ses emprunteurs auront plus de mal à accéder au crédit. C’est pour cela toute la plus-value de notre métier de courtier en matière de crédit immobilier va être de maîtriser ces nouvelles approches crédit afin que l’adéquation profil client et profil banque soit respectée.