Ce texte est extrait du livre "En finir avec les crises et le chômage. "
Les forces du travail
Ce système de rattrapage compensatoire peut se perpétuer et s’amplifier dans une course continue qui entraîne une augmentation de l’activité générale. Ou, si le niveau de compensation était insuffisant, l’entreprise cesse de produire plus. A moins que, et c’est alors, une stratégie différente, le salarié emprunte la somme nécessaire à la poursuite de de ses achats. Dans les deux cas, pour faire face à la demande, les entreprises vont engager du personnel. D’où, ce que l’on a constaté pendant les trente glorieuses, les deux systèmes, augmentation des salaires réels et offre de crédit ont cohabité. Ce cycle peut « tourner » de plus en plus vite entraînant une augmentation de plus en plus forte, donc une croissance forte continue, surchauffe de l’activité, mais aussi une période de plein emploi. Ce système s’est maintenu jusqu’aux années 75. Les statistiques montrent que pendant ces trente années, le pouvoir d’achat réel des salariés a sensiblement augmenté.
La relance par le travail
En augmentant les salaires on augmente la demande qui augmente la croissance qui augmente les flux monétaires. Par contrecoup, l’entreprise augmente sa production et ses besoins en main d’œuvre. C’est le retour à la tendance au plein emploi, tel qu’il a existé pendant les trente glorieuses déjà évoquées. Contre-tendance évidemment lourde par rapport à la stratégie de l’offre qui perdure depuis une trentaine d’années, qui ne pourra s’infléchir que progressivement jusqu’à un niveau de stabilisation inférieure : ce système s’est installé de façon structurelle au point qu’il n’est guère possible de revenir en arrière autrement que par des mesures de compensations salariales ciblées progressives. Notre monde occidental est arrivé à un paroxysme de modernisation, due à la stratégie de l’offre, qui a montré ses dangers sur le plan social et écologique, impossible de modifier fondamentalement et rapidement sans risquer un dangereux bouleversement de société.
Il faudra probablement augmenter les taxes sur les bénéfices des grandes sociétés, sinon les nationaliser le plus souvent. Horreur dira le patronat. La concurrence va les détruire. Quelle concurrence ? Celle qui existe déjà dans le domaine fiduciaire, financier et social dans les pays de l’Europe de l’Est ou en Irlande par exemple ? Entre les multinationales qui ont déjà délocalisé dans les zones dollar ou dans des pays émergents grâce à un Euro fort ? La course au profit maximum est une forme d’enchères qui n’a rien à voir avec la concurrence, qui sert de prétexte à la baisse des charges… salariales.
Innovations
La seule façon technique d’augmenter l’embauche immédiatement, consistera donc à augmenter la croissance, en augmentant le pouvoir d’achat. Certes telle qu’on l’a connue, avec ses excès de consommation, elle n’a pas apporté que des bienfaits, Nous admettrons a priori que l’Etat qui se chargerait d’augmenter la croissance par la consommation, le ferait de façon telle que les désordres et conséquences désastreux qui sont dus à ces excès seront absents de cette future croissance.
Intervention de l’Etat
La stratégie de la demande est à peine évoquée par les altermondialistes et autres économistes même non-alignés sur la ligne officielle. Probablement parce que le mot consommation leur fait peur. Augmenter suffisamment les bas salaires et en général les bas revenus, est évoquée en général pour réparer les injustices, mais rarement pour en faire l’instrument de la relance. Plus sûre à terme que celle qui consiste à aider les banques en mal de liquidités. Si nous insistons sur l’augmentation du pouvoir d’achat uniquement des classes sociales les plus pauvres, c’est pour éviter une thésaurisation possible des classes plus favorisées, fuite de liquidités qui comme on sait diminue la croissance. En décrétant, une augmentation des bas salaires de la fonction publique et l’augmentation du Smic qui est habituellement en partie indexée sur l’indice de l’inflation et des petites retraites, on confirme l’avantage qu’il y a de lutter contre les inégalités.
Il devient possible sans changer le système économique toujours fondé sur la libre entreprise, de modifier ses effets secondaire pernicieux, en effectuant avant tout une meilleure répartition des richesses. Par cette méthode on combat la récession, et on enchaîne une période de croissance reportée d’années en années. Pour continuer à résorber le chômage et maintenir le plein emploi il faudra en plus impulser la demande par de nombreuses incitations à l’innovation dans des secteurs écologiques.
Réguler le système bancaire
Une autre méthode de relance, mais néolibérale, consiste à baisser des taxes et impôts. Toutefois, le budget nominal global de la population n’ayant pas augmenté, c’est la production en volume qui peut en bénéficier, dans une mesure difficile à évaluer. Les baisses d’impôts ont l’avantage d’augmenter indirectement le pouvoir d’achat des particuliers, mais leur incidence sur la masse monétaire globale est nulle à terme : l’avantage financier en faveur des particuliers, a fait basculer la totalité de cette économie d’impôts, dont le montant était auparavant inclus dans le budget national, en faveur toujours de l’entreprise qui voit sa production augmenter de volume.
Mais, au plan de l’augmentation salariale, elle ne sera certainement pas suivie d’embauche, du fait d’une probable augmentation de la productivité qui absorbe le supplément quantitatif produit. Si, par exemple, augmenter l’activité, consiste à baisser les prix à la consommation, en diminuant le taux de la TVA et autres impôts.
Inverser la courbe du chômage
De plus la perte de recettes budgétaires devra être compensée, un jour par une augmentation des impôts, quand l’activité artificiellement relancée en volume sera absorbée. La charge de la baisse des impôts est reportée sur le budget de l’Etat, qui laisse filer le déficit budgétaire, et la dette qui va avec. Reporter à plus tard les problèmes immédiats ne les fait pas disparaître. On ne fait que donner d’une main ce que l’on devra prendre de l’autre.
Ainsi le "coup de fouet " donné par cette technique perd rapidement de son intérêt. Les inégalités subsistent puisque les plus riches le deviennent davantage, et tôt ou tard, le budget de l’Etat étant restreint, les investissements nationaux diminuent. De même les privatisations qui diminuent à terme le niveau du budget national, procède du même état d’esprit, de la même pensée unique : diminuer la puissance et l’ingérence de l’Etat. Cette doctrine économique où l’Etat intervient le moins possible, sauf en faveur de l’entreprise, produit au mieux des richesses…pour les riches. Il faudra probablement revenir sur les privatisations intempestives, dont l’utilité économique reste à démontrer.
Et les entreprises…
Ainsi, on a replacé le curseur de la dynamique monétaire à la base de l’économie d’un pays, sur le travailleur primaire, et non sur l’entreprise intermédiaire. Comme il y a un capitalisme classique, quasi normal, issu de la libre entreprise et un capitalisme excessif, comme il y a une bonne et une mauvaise spéculation, il y a un bon et un mauvais système monétaire.
Ce texte est extrait du livre "En finir avec les crises et le chômage. "