C’est ce qu’a déclaré le candidat au soir du premier tour. Il nous avait précisé ses intentions 5 jours plus tôt : "Ainsi, j’ai indiqué vouloir faire passer la part de l’électricité d’origine nucléaire de 75% à 50%, dans le mix énergétique, d’ici 2025. Il s’agit pour nous de donner un signal fort en faveur de cette transition, puisque cette baisse ne sera pas compensée par une augmentation de la production d’électricité sortant des centrales thermiques au gaz ou au fuel, mais par de l’électricité d’origine renouvelable et les économies d’énergie."
Énergies renouvelables : production intermittente
Un tel scénario est-il réalisable ? L’arrêt d’une centrale nucléaire, sans compensation par de l’énergie fossile, se traduit par une baisse de la puissance électrique disponible sur le réseau. Cette baisse pourrait être compensée par les énergies renouvelables si on pouvait obtenir d’elles une production ajustable au besoin. C’est loin d’être le cas : leur production est intermittente, aléatoire et très partielle : un tiers du temps au maximum. En France continentale, le facteur de charge de l’éolien est de 23% et celui du photovoltaïque de 11%.
C’est dire que pendant les deux tiers du temps, l’énergie doit être fournie par une autre source, fossile obligatoirement si on ne veut plus du nucléaire. La règle est donc : pour chaque réacteur nucléaire arrêté, il faut mettre en service une centrale à gaz ou charbon de même puissance. C’est ce qu’a fait l’Allemagne (soudain indifférente à l’augmentation de l’effet de serre). Le projet de François Hollande est donc inapplicable.
Des économies d’énergie insuffisantes
Il reste les économies d’énergie. Celles-ci concernent surtout le transport et le chauffage, qui consomment principalement du pétrole et du gaz, avec donc un impact faible sur la consommation d’électricité (sauf par grand froid pour le chauffage). En plus, le Grenelle de l’environnement a déjà lancé des actions dans ce but. Mais on ne peut en attendre qu’une réduction faible et à long terme de la consommation d’électricité, insuffisante pour que l’on puisse fermer des centrales nucléaires.
L’Autorité de Sûreté Nucléaire, reconnue par tous pour sa compétence et sa rigueur, ne demande pas de fermetures de centrales nucléaires, qui auraient des conséquences économiques particulièrement inopportunes en cette période de crise. Alors, ne soyons pas masochistes.