Le différentiel de cycle économique et monétaire entre les Etats-Unis et la Zone Euro est aujourd’hui un catalyseur important pour l’orientation des marchés actions. Dans un contexte où les profits des entreprises ne progressent plus au même rythme de part et d’autre de l’Atlantique, et compte tenu de politiques monétaires divergentes, Quilvest Gestion croit à la thématique « Euro/Dollar ».
Les marges nettes des entreprises américaines sont deux fois plus élevées
Dylan Baron, Gérant Actions chez Quilvest Gestion, constate : « la normalisation des niveaux de valorisation et des primes de risque s’est réalisée en Europe. Désormais proche de 15,7x les résultats à 12 mois, le PER de l’indice Stoxx 600 atteint un niveau supérieur à sa moyenne historique ». Ce mouvement de revalorisation n’a pas été supporté par la croissance des bénéfices des sociétés européennes, qui globalement s’est avérée décevante au cours des dernières années. Même si une inflexion des révisions baissières est observée en Europe depuis quelques semaines, le découplage des profits européens et américains reste important. « L’écart de progression des profits est historique entre les sociétés U.S. et leurs homologues du Vieux Continent, les marges nettes des entreprises américaines sont deux fois plus élevées. Ce constat est significatif, d’autant que la poursuite de la reprise des marchés européens est étroitement conditionnée au redressement des résultats d’entreprises ».
Dans ces conditions, il est très intéressant de jouer les valeurs boursières bénéficiant d’un effet devise positif sur le plan comptable ou profitant d’un regain de compétitivité permis par l’affaiblissement de l’euro. Il s’agit de sélectionner des sociétés européennes réalisant une part importante de leur activité libellée en dollar US, et celles qui exportent, en produisant ou s’approvisionnant essentiellement en Europe. « Les forces monétaires à l’œuvre sont favorables à une dépréciation mécanique de l’euro par rapport au dollar US, dans les mois à venir. La politique de plus en plus accommodante de la BCE, qui va déployer un programme inédit de rachats d’actifs titrisés, a pour objectif de peser durablement sur le cours de l’euro pour redonner de la compétitivité aux entreprises de l’union monétaire. Parallèlement, le cycle de resserrement monétaire aux Etats-Unis joue en faveur du renchérissement du dollar. Par conséquent, nous anticipons un objectif de 1,20 pour la paire EUR/USD d’ici le début de l’année 2015 ».
Profitez de la faiblesse de l’euro
En termes de stock-picking, cela revient à identifier quelques valeurs issues de secteurs particulièrement sensibles aux variations Euro/Dollar. « C’est le cas dans la production de semi-conducteurs, dans le secteur de la santé ou dans l’agroalimentaire, en particulier pour les producteurs de boissons. Ces trois secteurs surperforment significativement l’indice Stoxx 600 depuis le printemps », note Dylan Baron. Dans le cadre du fonds Quilvest European Equities, l’équipe de gestion a ainsi renforcé l’exposition au titre ABInBev, premier brasseur mondial dont 88 % des ventes sont réalisées hors zone euro et 37% en Amérique du Nord. Dans le secteur de la santé, la valeur Fresenius Medical Care reste attractive. Le leader mondial des produits de dialyse réalise 66% de ses ventes en Amérique du Nord. « Ces deux cas d’investissement sont vraiment représentatifs de valeurs soutenues par l’effet devise. D’autres, comme Airbus, Zodiac Aerospace ou encore Swatch, sont davantage soutenues par une logique de regain de compétitivité » précise Dylan Baron.
« Zodiac Aerospace, qui réalise une partie de sa production en Europe et dont la majeure partie des ventes est réalisée en dollar ou en devises corrélées au dollar,devrait profiter pleinement de l’affaiblissement de l’Euro. On peut également mener un raisonnement analogue avec les valeurs helvétiques : tant que la Banque Nationale Suisse continue de défendre un cours plancher avec l’Euro, sa devise continuera de se déprécier contre le dollar tout comme contre d’autres devises étrangères, comme le Yuan par exemple. Ainsi, Swatch pourra tirer parti de sa forte exposition à l’Asie (56 % de son chiffre d’affaires) et soutenir ses marges » conclut le gérant.